«Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.»
auteur |
Robert Desnos |
œuvre |
L'Honneur des poètes, œuvre collective (1943) |
mouvement |
surréalisme |
genre |
poème en versets |
discours |
narratif, explicatif, injonctif |
registre |
lyrique, épique |
cadre |
Deuxième Guerre mondiale, la Résistance |
actants |
le poète, les Français |
situation |
La transformation d'un Français du temps de paix en un Français du temps de guerre, conditionnée par l'amour de la liberté. |
quoi ? |
lien individuel à la création (marées, saisons, jour, nuit), mais nécessité d'une épopée collective pour survivre |
comment ? |
écriture en versets (la Résistance est un combat biblique du bien contre le mal), activation des sentiments (le cœur), éloge de la liberté |
pourquoi ? |
appel à la résistance, message d'espoir |
Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait plus qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent
Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans les millions de cervelles un même mot d’ordre:
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller de vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.